07Mar2019
3 Questions à Patrick Ruestchmann au sujet des serious games
Patrick Ruestchmann préside l’association Serious Games Network-France, organisateur du 1er Forum sur les serious games et le wargaming à l’Ecole Militaire (Dec 2018). Il est game designer, participe à des revues françaises et étrangères sur le domaine et favorise l’usage des serious games pour la modélisation de systèmes complexes dans le secteur privé et celui de la Défense. Il est aujourd’hui directeur adjoint du GIP Territoires Numériques BFC et intervient principalement sur le champ des politiques publiques numériques et plus particulièrement de l’open data (administrateur de Open Data France). Son parcours croise des expériences dans la recherche appliquée (intelligence artificielle), dans les sphères privées et publiques et toujours au moyen de l’innovation par les usages. Il est auditeur de l’IHEDN, session nationale « Politique de Défense». Propos recueillis par Bastien Vandendyck, consultant Vae Solis Corporate.
Photos : DR (portrait) / José Martín Ramírez C / Unsplash (bannière)
Vae Solis Corporate : Qu’apportent de plus les serious gaming par rapport aux formations actuelles en prévention des risques ? Quels sont ses avantages et pourquoi militez-vous pour le développement de sa pratique ?

Patrick Ruestchmann : L’usage d’un serious games s’insère parfaitement dans un cursus de gestion des risques, en complémentarité. Cette approche permet un niveau différent d’immersion qui cherche à produire des résultats qualitatifs à travers des représentations, plus ou moins abstraites, des rôles de chaque acteur et de leurs environnements. Une fois le cadre posé, l’élément essentiel qui entre en jeu est alors l’action du joueur et ses effets sur les autres participants. Il s’agit ici d’être actif, dans une dynamique d’interaction. Avec un serious game on développe une expérience concentrée sur un temps court qui permet la confrontation entre le joueur et le modèle de crise.
Vae Solis Corporate : Le premier Serious Game Forum, qui a eu lieu le 3 décembre 2018, a rencontré un franc succès, partagé jusque dans les médias nationaux. Très axé sur le domaine militaire, le serious game peut-il être adapté au monde de l’entreprise afin d’anticiper et de se préparer à différentes crises ?
Patrick Ruestchmann : Tout à fait, et le business wargaming anglo-saxon se porte d’ailleurs bien. Il croise des pratiques utilisées dans le monde des conflits géopolitiques et militaires avec les problématiques de concurrences, de pilotage d’organisation multinationales en prise avec des secteurs d’activités en mutation ou perçus comme menacés par l’introduction de nouveaux usages ou le déploiement de technologies. Ce sont les COMEX qui devraient jouer ces jeux pour mieux éclairer leur prise de décision. Le Forum que Serious Games Network-France organisera en 2019 continuera d’inciter les entreprises à tester et démontrer ces outils.
Vae Solis Corporate : Quelles sont les barrières qui restent à faire tomber en France pour que la pratique du serious gaming puisse être appréciée à sa juste valeur ? À quel horizon peut-on entrevoir une pratique généralisée du serious gaming dans le monde privé ?
Patrick Ruestchmann : Le problème vient tant du terme (games) que de la posture d’ouverture d’esprit lorsque l’on aborde pour la 1ère fois ces modélisations jugées trop simples par les experts. Or, réagir dans une situation de crise c’est savoir faire reconnaitre les quelques paramètres les plus importants qui vont servir à prendre une décision. Une note de position à un dirigeant fait rarement plus de 3 pages, nécessairement réducteur face à la complexité d’une situation. Mais là où la note reste froide, la participation à une séance est dynamique. A mon sens, le privé peut aller assez vite dès lors que les gains, la rentabilité de l’usage de serious games, seront connus.
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Patrick Ruestchmann préside l’association Serious Games Network-France, organisateur du 1er Forum sur les serious games et le wargaming à l’Ecole Militaire (décembre 2018). Il est game designer, participe à des revues françaises et étrangères sur le domaine et favorise l’usage des serious games pour la modélisation de systèmes complexes dans le secteur privé et celui de la Défense. Il est aujourd’hui directeur adjoint du GIP Territoires Numériques BFC et intervient principalement sur le champ des politiques publiques numériques et plus particulièrement de l’open data (administrateur de Open Data France). Son parcours croise des expériences dans la recherche appliquée (intelligence artificielle), dans les sphères privées et publiques et toujours au moyen de l’innovation par les usages. Il est auditeur de l’IHEDN.