03Nov2015
Snapchat ou la communication qui dure trois secondes, par Jessica Lefébure
Lundi matin, 2 novembre, Le Figaro titrait « Hollande, l’échec de l’hypercommunication » ; au même instant, l’Elysée, par la voix de Gaspar Gantzer, annonçait la création imminente d’un compte Snapchat, une application mobile permettant de partager des photos et des vidéos qui ne peuvent être visibles par leur destinataire que de une à dix secondes avant de s’auto-effacer. On pourrait alors conclure que l’Elysée ne se laisse pas dicter sa conduite pas les médias, et bien au contraire. La cellule de communication du Palais persévère dans sa stratégie de communication tout azimut sans tenir compte des réactions en cascade de l’ensemble de ses parties prenantes. Le Président ne cesse de baisser dans les sondages ne convaincant pas davantage ses électeurs. Son propre camp dénigre son « suractivisme communicationnel », quant à l’opposition, elle n’y voit que des « manœuvres vaines ».
Pourquoi cette frénésie de communication ? Le président et ses communicants sont en train de mettre en œuvre un quadrillage médiatique. Fondée sur une segmentation de la population, selon leurs âges et leur milieu social, le Président lance une séquence de communication dédiée. En passant par chez « Lucette » à l’attention des retraités, en lançant son compte Snapchat pour les moins de 25 ans (majorité des utilisateurs du réseau social), le président multiplie les prises de paroles et les messages, espérant ainsi toucher toutes les cibles.
La stratégie de l’Elysée ne s’arrête pas à ce marketing communicationnel. Le Palais va jusqu’à communiquer sur sa communication. C’est ce qu’il s’est passé avec le film d’Yves Jeulan, Un Temps de Président, une mise en abyme de la communication du Palais : on communique sur la communication.
S’installe alors un sentiment d’overdose et de « zapping ». Les interventions médiatiques se succèdent, d’un bout à l’autre de la planète et sur tous les sujets. La création du compte Snapchat devient alors une sorte de métaphore de la stratégie présidentielle en matière de communication : des messages qui ne durent que quelques secondes.