04Jan2022
L’identité de la France est-t-elle menacée ?
Opinions et représentations des Français à l’égard de l’identité du pays
Dans le cadre de la campagne présidentielle, Vae Solis a souhaité s’associer à l’IFOP afin de dégager les ressorts profonds de l’électorat en analysant six thèmes structurant la société française.
La première étude a été consacrée au « Déclin », la seconde à « l’Identité », 4 autres vont suivre, chaque mois jusqu’à l’élection présidentielle d’avril 2022.
Cette 2e enquête est consacrée au sujet de « l’Identité » de la France. Alors que celle-ci est régulièrement présentée par certains candidats comme étant menacée, il nous a semblé opportun de réaliser une enquête quantitative pour objectiver les ressentis et perceptions des Français sur ce sujet. En voici quelques chiffres, et les principaux enseignements :
L’identité est très largement perçue comme étant une notion positive
En dépit de l’invocation fréquente dans le débat public d’une « identité française menacée », et plus largement de sa charge polémique, cette notion est très largement perçue comme étant positive (73%). On observe une réactivation du clivage gauche droite sur ce thème de l’identité avec des sympathisants de gauche qui l’aborde sous un prisme plus négatif. Il en va ainsi notamment de la perception d’un thème qui divise les Français : 54% des sympathisants de gauche estiment que c’est source de division contre seulement 32% de ceux à droite de l’échiquier politique.
Il convient de noter que les sondés se définissent à 69% comme français, et 13% comme européens.
L’identité française est étroitement associée à la langue française et à la devise républicaine
Il est assez frappant de constater que les dimensions intemporelles sont davantage perçues que les symboles par les Français comme étant constitutives de l’Identité de la France. La devise républicaine Liberté -Egalité -Fraternité (34%, -8 points en 5 ans …), la langue française (plus 3 points en 5 ans) sont les éléments caractérisant le mieux l’identité de la France (40%) ; l’histoire de France est également largement citée (30%). En matière économique, c’est le tourisme (53%) et le luxe (42%) qui sont les secteurs les plus largement perçus comme caractéristiques de l’identité française. Le secteur public (30%), l’agroalimentaire (29%), l’aéronautique (22%), l’automobile (16%) et le textile (8%) sont moins largement cités.
Charles de Gaulle est le personnage perçu comme incarnant le mieux l’identité de la France
L’homme de la France libre est considéré par plus d’un tiers des Français comme le personnage incarnant le mieux l’identité de la France, il devance largement les autres personnalités testées (37%). Napoléon Bonaparte est le 2e personnage cité (15%), juste devant Simone Veil (14%), Coluche (14%) et Victor Hugo (13%). Gustave Eiffel (8) et Marie Curie (7) sont les premiers scientifiques et industriels cités.
Une prise de conscience que l’objet identité permet difficilement un débat serein
Les résultats de l’enquête montrent que la thématique de l’identité est largement perçue comme polémique. Les sondés s’accordent ainsi largement pour dire que les questions liées à l’identité sont instrumentalisées par certaines personnalités politiques (82%). Cet enjeu est perçu comme occupant trop de place dans le débat public (60%), alors que d’autres thématiques telles que la santé ou le pouvoir d’achat sont jugées prioritaires par les Français. Enfin, plus largement, l’idée d’une disparition de l’identité française rencontre un écho chez deux tiers des Français (66%).
Plus qu’un fantasmatique grand remplacement, les Français redoutent un grand déclassement
Alors que l’immigration est régulièrement pointée du doigt comme étant la source d’une disparition de l’identité française, il est frappant de constater que ce sont les thématiques économiques qui sont les plus largement vues comme constituant des menaces. L’affaiblissement économique (82%), la désindustrialisation (82%), le chômage (77%) ou encore la dette (75%) devancent ainsi l’immigration (67%).
Artisans, militaires et scientifiques sont perçus comme les acteurs les plus à mêmes de défendre l’identité de la France
Concernant la confiance accordée à différents acteurs pour défendre l’identité de la France, les artisans bénéficient d’un crédit particulièrement important (87%). Pour leur part, les dirigeants d’entreprise recueillent 55% de confiance, après les artistes mais avant les responsables d’associations et d’ONG, les économistes, les élus (43%). A côté de ces acteurs étroitement associés à la défense de la tradition, figurent les militaires (78%) et les scientifiques (77%). Il est notable de souligner que le crédit de ces derniers n’a pas reflué avec la crise sanitaire. Enfin, concernant les personnalités politiques les plus à mêmes de défendre l’identité, c’est Valérie Pécresse qui recueille le niveau de confiance le plus élevé, au coude à coude avec Marine Le Pen (44%) et Emmanuel Macron (41%). La candidate de LR bénéficie assurément d’un effet « désignation » mais ne parvient pas à atteindre le seuil de 50% (comme les autres candidats). Eric Zemmour qui a fait de la thématique identitaire le fer de lance de sa campagne électorale ne recueille « que » 31% de confiance, mais devance les candidats de gauche qui bénéficient de crédits limités (entre 18% et 29%).
