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    06Avr2022
    Le regard des Français sur la démocratie

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    Les Français sont-ils toujours attachés au modèle démocratique ?

    Dans le cadre de la campagne présidentielle, Vae Solis a souhaité s’associer à l’IFOP pour comprendre les ressorts profonds de l’électorat en analysant six thèmes structurants la société française. Cette sixième enquête d’opinion porte sur un sujet de fond de cette élection présidentielle : le modèle démocratique auquel aspirent les Français.

    Alors que le modèle démocratique est attaqué au sein même de l’Europe, nous nous sommes penchés sur le regard que portent les Français sur la démocratie française et leurs aspirations quant à l’avenir des institutions françaises.

    Un regain encore fragile dans la démocratie française

    Mesuré historiquement depuis 2009 par l’Ifop, le jugement sur l’état de la démocratie française demeure majoritairement négatif selon les Français, 55% d’entre eux estimant qu’elle fonctionne mal. Si ce jugement s’est adouci sur la période du quinquennat d’Emmanuel Macron (- 5 points par rapport à avril 2017), il marque toujours de nettes différences politiques. Ainsi, si seuls 18% des électeurs macronistes estiment que la démocratie fonctionne mal en France, ils sont 59% parmi ceux de Valérie Pécresse, 67% parmi ceux d’Eric Zemmour et même 72% parmi ceux de Marine Le Pen.

    Si les Français se montrent plutôt sceptiques sur le fonctionnement actuel de la démocratie en France, ils n’abandonnent toutefois pas leur attachement à l’idéal d’un système politique démocratique que 85% jugent « bon » pour la France. Ils sont même 60% à estimer qu’un renforcement des institutions démocratiques par le recours aux citoyens pour décider ce qui leur semble le meilleur pour le pays serait une bonne chose. A l’inverse, notre étude souligne un affaiblissement voire une marginalisation des régimes non démocratiques comme un régime martial (22% estiment qu’il serait bon pour la France, en progression toutefois de 5 points en 5 ans), un régime autoritaire où un chef pourrait agir sans se préoccuper des parlementaires élus (41%, en baisse de 10 points) ou encore le gouvernement des experts (49%, en baisse de 13 points).

    Le bilan de la confiance qu’ont les Français dans leurs institutions illustre bien ce scepticisme concernant l’état actuel de la démocratie. Les institutions internationales bénéficient d’une relativement bonne image, l’OMS rassemble la confiance de deux tiers des Français (63%) malgré les remous de la crise sanitaire, tout comme l’OTAN dans laquelle 56% des répondants ont confiance (+5 points par rapport à avril 2017) ou encore l’Union européenne (49% de confiance, +8 pts) qui jouent un rôle important dans la guerre russo-ukrainienne. A l’inverse, l’opinion des Français est plus partagée concernant les institutions nationales, notamment représentatives comme l’Assemblée nationale (44% de confiance mais une progression de 6 points), la présidence de la République (43%, +5 points) et le Gouvernement (39%, +7 points). On note ainsi une amélioration générale de la confiance dans ces institutions mais également un profond clivage au sein de la population qui renforce l’insatisfaction dans le fonctionnement de la démocratie au sein de certaines catégories de la population.

    Plus de 8 Français sur 10 attendent une réforme des institutions de la Cinquième République

    Les résultats de l’enquête confirment que les Français ont – au-delà des critiques qu’ils formulent sur le fonctionnement actuel des institutions – des solutions à apporter pour résoudre ces problèmes.

    82% des Français désirent une réforme des institutions contre 18% qui souhaitent les voir maintenues en l’état. Parmi les « réformistes », ils sont plus des deux tiers (36%) à vouloir une réforme en profondeur de ces institutions contre 46% des adaptations sans transformation radicales, une option qui progresse de 4 points par rapport à avril 2017.

    Ces réformes, les Français souhaiteraient qu’elles aillent dans une tendance plus « participationniste », c’est l’option préférée par 45% des personnes interrogées, notamment via l’organisation d’Assemblées citoyennes tout en laissant le pouvoir de décision aux parlementaires. Allant plus loin encore, plus de d’un tiers des Français visent à une démocratie plus directe où ce serait les citoyens qui prendraient les décisions par référendum et non plus seulement les parlementaires. Moins d’un Français sur cinq (19%) souhaitent conserver une démocratie purement représentative.

    Cette volonté de réforme des institutions s’exprime également par le désir de « localisme » et d’un partage des pouvoirs entre les strates territoriales, en premier lieu envers les communes que 49% des Français souhaiteraient avoir davantage de pouvoirs qu’actuellement mais également les régions (45%) et les départements (42%).

    Les candidats à l’élection présidentielle et la démocratie : les Français attendent une démocratie plus participative et éthique

    Bien que les propositions autour de la réforme des institutions n’aient pas été au centre de la campagne présidentielle, éclipsées par le pouvoir d’achat et la guerre en Ukraine, les Français se montrent largement favorables aux mesures de candidats visant à intégrer plus largement les citoyens dans le processus démocratique par l’organisation de « grands débats » (77% s’y déclarent favorables) ou par l’introduction du référendum d’initiative citoyenne – le fameux RIC des Gilets jaunes – soutenu par 77% des personnes interrogées. Dubitatifs sur le fonctionnement actuel de la démocratie représentative, les Français cherchent également un plus grand contrôle sur leurs élus que ce soit par l’inéligibilité à vie de ceux ayant été condamnés pour corruption (88%) ou par la possibilité de révoquer un élu par référendum (71%). A l’inverse, les personnes interrogées rejettent le retour au septennat (39% seulement y sont favorables) ou le passage du droit de vote à 16 ans (26% favorables).

    Parmi les candidats à l’élection présidentielle de 2022, les Français font majoritairement confiance à Emmanuel Macron (50%) pour défendre les valeurs de la démocratie s’il était réélu. Plus surprenant, mais conformément à son changement d’image depuis maintenant plusieurs mois, Marine Le Pen convainc 46% des personnes interrogées qu’elle est également capable de défendre les valeurs démocratiques, loin devant Jean-Luc Mélenchon (36%) ou encore la candidate de la droite républicaine Valérie Pécresse (33%), symbole du profond malaise qu’expriment une partie des Français face au fonctionnement de la démocratie actuellement.

    Comme avec les institutions, les Français souhaitent prendre une part plus grande dans la vie de l’entreprise

    Enfin, cette vision « populaire » de la démocratie que partage une majorité de Français, où les citoyens s’impliquent davantage dans la vie de la cité, se diffuse également au sein du monde de l’entreprise. Ainsi, à peine plus d’un Français sur deux font confiance aux syndicats (53%), à la direction des ressources humaines (51%) ou encore aux manageurs (50%) pour défendre les intérêts des salariés. Signe de la grande défiance des Français vis-à-vis de leurs dirigeants, que ce soit à l’échelle nationale ou au sein de l’entreprise. A l’inverse, ils font particulièrement confiance aux salariés eux-mêmes pour défendre leurs intérêts (81%), tout comme aux associations internes à l’entreprise (72%) et aux représentants du personnel (71%).

    Si les salariés estiment très largement (67%) que leurs employeurs jouent un rôle suffisant au sein de la société, ils reconnaissent quasiment unanimement (80%) que les entreprises ont une responsabilité importante dans le développement d’une société plus vertueuse, démocratique et équitable. Ce sentiment est particulièrement partagé par un quart des Français (23% estiment que cette responsabilité est « très importante »), en particulièrement les électeurs de gauche (35% respectivement des électeurs Mélenchon et Jadot).