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    26Juin2020
    3 questions à Bruce Goldfarb, Fondateur et CEO de Okapi Partners.

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    Bruce Goldfarb est Fondateur et CEO de Okapi Partners, conseil élu « top proxy solicitor » depuis 3 ans aux USA. Propos recueillis par notre consultant Florian Ridard.

    Florian Ridard : De nombreuses études récentes révèlent une augmentation concomitante des campagnes activistes et du capital déployé en Europe. Comment l’expliquer alors que les structures de gouvernance européennes sont différentes de celles anglo-saxonnes, berceau de l’activisme ?

    Bruce Goldfarb : Les activistes voient des opportunités de création de valeur dans les entreprises européennes. Bien que les structures de gouvernance soient différentes en Europe, elles ne sont pas nécessairement dissuasives pour l’activisme. Au contraire, elles nécessitent un ajustement des stratégies normalement employées par les fonds aux US. Par exemple, plutôt que de chercher à évincer l’ensemble du conseil d’administration, les activistes utilisent la pression publique pour poursuivre des transactions stratégiques. De plus, les directions des entreprises européennes ont l’habitude de répondre aux demandes des actionnaires par un engagement discret. Contrairement à celles américaines, elles sont généralement plus ouvertes aux initiatives proposées par des activistes parce qu’elles considèrent qu’il vaut mieux faire quelques concessions plutôt que de se lancer dans une lutte par procuration publique.

    F R : L’influence des activistes modifie-t-elle le comportement des investisseurs passifs ? Demain, tous « activistes » ?

    B G : L’activisme actionnarial chez les investisseurs passifs a toujours existé. Qu’il s’agisse d’écrire des lettres ouvertes, d’avoir un engagement direct ou de déposer des propositions d’actionnaires, les fonds traditionnels (pension, FCP) ont été « activistes » à un certain niveau. Il est possible qu’un investisseur passif se serve du proxy pour remplacer un ou deux administrateurs dans l’avenir, mais ces initiatives comportent certains risques que la plupart des investisseurs passifs ne souhaitent pas prendre.

    F R : La communication des activistes est souvent basée sur une remise en cause publique. Les entreprises européennes sont-elles préparées aux guerres médiatiques ?

    B G : Culturellement, ce type de campagne brutale a peu de chances de se produire. Nous sommes habitués à ce type d’opérations de « dénigrement » aux États-Unis, mais pas les Européens. Il est certain qu’une pression publique est susceptible de se produire, mais pas à la même échelle qu’aux US. Dans l’ensemble, la finance européenne rencontre un activisme plus calme et les entreprises préfèrent dealer plutôt que de s’engager dans une bataille publique.