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    05Oct2011
    Vae Solis dans Les Echos – Risque pandémique : les entreprises ne sont pas vaccinées…

    VSC

    Arnaud Dupui-Castérès interrogé par Paul Molga pour Les Echos

    05/10 | 03:00 | mis à jour à 10:55 | Paul Molga – Les Echos

    Risque pandémique : les entreprises ne sont pas vaccinées
    Malgré la crise de la grippe A/H1N1, peu d’employeurs ont mis en place un plan de continuation de l’activité. En cas d’épidémie majeure, l’absentéisme pourrait dépasser 40 %.

    Neuf entreprises sur 10 ne seront pas capables de faire face à une situation de pandémie si elle se présentait en France, selon le constat dressé par plusieurs experts. « Très peu de PME ont adopté un plan de continuité d’activité (PCA) préconisé par le gouvernement après l’épisode épidémique de 2005, et parmi les grandes entreprises qui en sont équipés, moins d’un quart ont réalisé les simulations de crise indispensables pour valider leur expérience », alerte Arnaud Dupui-Castérès, président de la société de conseil en gestion de risque Vae Solis.

    Apparue pour la première fois en 2003, la grippe aviaire H5N1 a tué ou conduit à l’abattage de 400 millions de volailles dans le monde, provoqué des centaines de décès humains dans de nombreux pays à son pic entre 2006 et 2008, et coûté près de 20 milliards de dollars à l’économie. Soixante-trois pays avaient été infectés.

    « La vigilance est primordiale »
    Reviendra-t-elle cet automne, lors des prochaines migrations d’oiseaux sauvages ? C’est la question qui inquiète les spécialistes des virus grippaux à la FAO. L’organisation alimentaire des Nations unies a déclenché fin août « une alerte préventive de surveillance » après avoir identifié une souche mutante mortelle de ce virus se propageant au Cambodge où elle a enregistrés huit cas d’infection humaine, tous mortels. « La vigilance est primordiale. Ce n’est pas le moment de baisser la garde », a prévenu Juan Lubroth, vétérinaire en chef de la FAO, évoquant « des risques imprévisibles pour la santé humaine ».

    A-t-il été entendu ? Le jour suivant ses déclarations, l’industrie agroalimentaire française s’est empressée de faire passer le message : « Si le virus arrive jusqu’en France, les mécanismes mis en place en 2007 se réactiveront », explique Virginie Guérin, chargée de gestion de crise à l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania). Au programme : renforcement des mesures d’hygiène élémentaires, coordination de la surveillance entre la filière aviaire et le ministère de l’Agriculture, et transmission directes des indicateurs industriels depuis une plate-forme informatique unifiée. « Si un élevage de volailles contaminé est signalé, les services vétérinaires pourront intervenir sans tarder pour délimiter une zone de sécurité et décider de la conduite à tenir », poursuit l’Ania.

    « Anticiper, c’est se protéger »
    Habituée des crises sanitaires depuis la vache folle, le secteur a mécanisé la gestion du risque. En 2006, un seul élevage a vait été touché dans le pays et la réaction rapide des autorités sanitaires avait permis de circonscrire la propagation du virus.

    Mais dans les autres secteurs ? « Beaucoup d’entreprises ont le sentiment d’avoir fait le nécessaire pour se protéger en mettant en place un PCA. Mais le turnover de leurs employés a fait disparaître les connaissances acquises, la culture et la sensibilité au sujet. D’ici deux ans, tout sera à refaire », pronostique Arnaud Dupui-Castérès. En cas d’épidémie liée au virus de la grippe A/H1N1 à la rentrée, les pouvoirs publics craignent un taux d’absentéisme de 40 % dans les entreprises. « Anticiper est le meilleur moyen de se protéger », insistent les experts. Sur quel service clef centrer l’activité en cas d’épidémie ? Quelles sont les personnes clés dans l’entreprise ? Ont-elles des remplaçants rapidement opérationnels ? Quels employés seraient volontaires pour venir travailler même en cas de crise majeure ? L’entreprise dispose-t-elle de stocks non périmés de produits d’hygiène et de protection ? « Qu’il manque une seule réponse à ces questions et l’entreprise sera certaine de connaître des difficultés à gérer la crise », prévient Arnaud Dupui-Castérès.

    PAUL MOLGA