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    26Juil2010
    Twitter n’est pas jouer ! Les politiques s’emparent du 2.0

    Admin VSC

    Depuis plusieurs mois, on observe un phénomène nouveau, les hommes et femmes politiques twittent de plus en plus et ne sont plus étrangers au Web 2.0.

    En effet, le microblogging se développe dans les enceintes des institutions et il n’est plus rare de lire en temps réel des commentaires amusés, ironiques ou critiques de certains députés rodés aux nouvelles technologies lors des réunions de commissions ou d’auditions parlementaires.

    Ainsi, Lionel Tardy député (UMP) de Haute-Savoie se faisait récemment le relais des auditions de Jean-Pierre Escalettes, président de la FFF et Raymond Domenech, futur ex-sélectionneur de l’équipe de France. Une opération remarquée par les médias valant à Lionel Tardy un coup de projecteur auprès du grand public mais également un rappel à l’ordre pour avoir relayé des commentaires faits dans le cadre d’un huis clos.

    Les récents débats sur la réforme des retraites étaient également l’occasion pour plusieurs députés de twitter sur les débats de la Commission des Affaires Sociales malgré le huis clos demandé. Gaëtan Gorce, député (PS) de la Nièvre, revendiquait d’ailleurs ce droit à la transparence avec un compte créé il y a seulement trois jours et possédant déjà plus de 1 000 abonnés.

    Le phénomène prend donc aujourd’hui de l’ampleur, et il devient fréquent de voir un parlementaire chroniquer sur son fil twitter telle proposition de loi, ou telle réunion en commission, avec des propos le plus souvent relayés par les médias assurant à son auteur une visibilité « facile et pas chère ».

    Cette nouvelle génération de parlementaires, a donc parfaitement compris l’intérêt d’une utilisation régulière de twitter avec, d’une part, une médiatisation bienvenue pour des députés en mal de visibilité, mais surtout la constitution d’un réseau avec un groupe d’abonnés qui suit quotidiennement les messages postés sur twitter, et surtout qui pourra servir de relais et de force mobilisable lors des prochaines échéances électorales.

    Ne nous y trompons pas, il s’agit là plus que d’un simple phénomène de mode : l’utilisation de twitter, et au-delà de l’ensemble des réseaux sociaux, est aujourd’hui indispensable pour tout bon politique désireux de se faire connaître et de créer un buzz autour de lui.

    Quel impact aura ce phénomène sur le rôle des médias plus traditionnels et sur le fonctionnement de nos institutions ?

    Concernant l’évolution médiatique, il semble pour le moment que la presse traditionnelle conserve son rôle d’intermédiaire entre les politiques et les citoyens, avec la reprise des commentaires dans les éditions quotidiennes. C’est d’ailleurs ce traitement médiatique plus large qui est recherché par les politiques, utilisant twitter comme un fil AFP personnel repris ensuite dans les médias grand public.

    On peut cependant se demander si un post de 140 commentaires peut s’assimiler à de l’information et s’il s’agit là d’une réelle avancée pour une démocratie transparente et éclairée ?

    L’utilisation de twitter pose également la question de l’évolution de nos institutions et de l’espace privé au sein du pouvoir législatif. Assiste-t-on à une déviance mettant à mal les débats parlementaires et la règle du huis clos, ou bien est-ce un nouvel outil de transparence et de démocratie ?

    
    

    Sur ce sujet, il semble que deux camps s’affrontent aujourd’hui au sein de l’hémicycle, avec les pro-twitter, comme Gaëtan Gorce, Lionel Tardy ou Jean-Marc Ayrault, et les anti comme Pierre Méhaignerie, député d’Ille-et-Vilaine. Devant l’ampleur de la polémique, le président de l’Assemblée Bernard Accoyer a décidé de saisir le bureau de l’Assemblée pour trancher cette question et fixer des règles d’utilisation.

    Si, comme le rappelle le sociologue Dominique Wolton, « il n’y a pas d’espace public sans espace privé », les nouveaux moyens de communication sont aujourd’hui une réalité, dont les politiques ont saisi les enjeux et la portée et qui pourraient, à terme, changer le fonctionnement de nos institutions. La question mérite d’être posée : les politiques sont-ils des communicants comme les autres ?