30Déc2009
Crise et climat : comment un risque peut en cacher un autre
L’actualité nous offre parfois des concommittances qui ne s’inventent pas ! Deux événements survenus en décembre se sont diamétralement opposés : au plan mondial, nous avons suivi des semaines durant la prépaparation du sommet de Copenhague puis son échec, quand au plan national, une vague de froid s’annonçait. La mobilisation sur les risques du réchauffement climatique nous fait progressivement oublier que l’hiver… il fait toujours froid ! Que les températures peuvent approcher zéro degré – voire être négatives – et que c’est bien à un risque immédiat de climat froid que nous avons à faire face !
On s’indigne que les Etats n’aient pas réussi à trouver un accord minimum pour « ralentir le réchauffement climatique » et en parallèle on rouspète contre la neige, le verglas, le froid mais surtout contre l’Etat imprévoyant ! Les routes enneigées et les plaques de verglas désorientent, les avions ne décollent pas ou sont en retard : aussitôt l’opinion râle, les media dénoncent. Nous sommes proches de la crise.
Mais le principal risque auquel les Français étaient exposés était la rupture électrique, le « black out » de cette énergie si précieuse ; il faut des conditions météorologiques rigoureuses ou des situations particulières pour se souvenir que l’électricité est indispensable à notre vie quotidienne, que c’est même une question de survie. Imaginez un foyer sans lumière, sans eau chaude, sans chauffage, sans four, évidemment sans internet et sans télévision pour passer le temps… c’est tout simplement inconcevable, invivable !
RTE avait prévenu, dès l’automne, que la France serait obligée d’importer de l’électricité. Nous n’avons pas de pétrole certes, mais nous n’avons également plus assez d’électricité (d’origine nucléaire et hydraulique) pour être autosuffisants. Le froid de l’hiver 2009 nous rappelle combien il est nécessaire, voire indispensable, d’investir dans notre approvisionnement en énergie et plus particulièrement en électricité.
On notera au passage que la communication du transporteur d’électricité a parfaitement respecté 3 règles de bases de la communication de crise : l’anticipation, la transparence et la mobilisation. Elle a commencé très en amont par de la pédagogie : simplement en rappelant qu’il ferait froid en hiver (!) et, sur le mode de la transparence, en annonçant les risques, leurs causes et les moyens d’y faire face, notamment dans deux régions sensibles : la Bretagne et Provence Alpes Cote d’Azur. Si le risque de délestage était réel, on ne pourra pas dire que l’opinion publique, les media et les pouvoirs publics n’avaient pas été prévenus.
Mais le plus important est que la direction de RTE a aussi fait un travail de sensibilisation aux nécessaires économies d’énergie, rappelant ainsi des gestes simples et citoyens quant aux températures dans les foyers ou aux éclairages publics. Elle s’est ensuite mobilisée pour parer au mieux et assurer au final une continuité quasi parfaite du service.
L’opinion publique ne supporte plus les contre temps, les aléas, l’imprévu, le désagrément : c’est la « japonisation » des esprits et des comportements. Pour que l’Etat, les services publics et les entreprises ne s’exposent pas à des crises récurrentes dues aux mécontentements de l’opinion publique, l’anticipation, la transparence et la pédagogie ont ici fait la preuve de leur efficacité.
RTE a parfaitement communiqué et géré le risque climatique. Mais elle s’expose de fait à un nouveau risque : celui d’une moindre mobilisation de la puissance publique. Il faut espérer que sa bonne gestion de la situation n’aura pas comme conséquence paradoxale, de freiner les pouvoirs publics et l’opinion en faveur de l’investissement dans la production d’énergie, tant il est de plus en plus vrai que seuls les incidents, les polémiques, les crises, incitent à l’initiative et à la décision publique.