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    10Fév2009
    De la gêne née d’un raccourci

    Admin VSC

    Le mardi 20 janvier 2009 restera marquée dans les esprits. L’investiture de Barack Obama, suivie par tous, était un moment historique. Parce que c’est le premier Président des Etats-Unis noir ?Certainement. Parce que les Etats-Unis auront toujours le don de nous surprendre ? Sans nul doute.

    Si les commentateurs du monde entier ont glosé sur une prestation de serment erronée, les téléspectateurs français, eux, auront retenu le commentaire du journaliste de TF1, Jean Claude Narcy, lors de l’interprétation de l’hymne national par Aretha Franklin : « vous avez vu comme elle a interprété ça ! On devait chanter comme ça dans les champs de coton, dans le temps… » Rama Yade, présente à ses côtés, a eu la délicatesse de rectifier l’assertion en précisant que l’on chantait de cette façon dans les églises américaines.

    Déjà remarqué pour différentes interventions douteuses (on se souviendra longtemps de ses commentaires lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de football de 1998 avec son compère Charles Villeneuve), Jean-Claude Narcy a ici fait une remarque que d’aucuns pourraient qualifier de raciste. La Ligue des Droits de l’Homme l’avait d’ailleurs immédiatement pointé du doigt et évoqué un dérapage, tandis que le CRAN affirmait que « les remarques de ce genre ne grandissent pas ceux qui les font ».

    Afin de se justifier, le journaliste a déclaré dans les colonnes du Parisien : « c’est la surprise, énorme, pour moi cette polémique. Mes deux fils, eux, ont été blessés, contrariés. Ils savent que je leur ai appris la diversité, le respect, je leur ai fait lire « la Case de l’oncle Tom », comme à mes petits-enfants. J’ai une culture littéraire américaine qui est à l’opposé complet de ces idées de racisme. Quand je parle des champs de coton, c’est comme quand Obama lui-même évoque l’époque où son père n’aurait pas été servi, ici en Amérique, dans un restaurant… Ce sont des références historiques. Je croyais être dans la tonalité de cette cérémonie. » Il le croyait…Loin de l’excuser, sa justification ne fait que l’enfoncer. La case de l’oncle Tom ? Et pourquoi ne pas citer « Autant en emporte le vent » comme film de chevet ?

    Jean-Claude Narcy devrait peut-être mettre en pratique un principe que l’on enseigne en média-training  et à l’école primaire : préparer ses interventions, ou «tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler » !